L’Eglise Orthodoxe de Russie fait partie de la vie et des croyances russes depuis la fin du premier millénaire après Jésus-Christ.
Même à l’époque de l’URSS, pourtant marquée par la persécution du clergé, la confiscation de ses richesses et la chasse aux idoles, l’Eglise Orthodoxe de Russie bénéficiait d’un dévouement marqué de la part du peuple russe.
Depuis l’Eveil, elle a grandi et s’est stabilisée dans la société soviétique, tant d’un point de vue spirituel que politique.
5ème Monde
L’adoption de la foi orthodoxe en Russie date de la fin du Xème siècle, lorsque le Prince Vladimir convoqua des représentants des quatre « religions du livre » (catholique, judaïque, islamique et orthodoxe). Son choix se porta vers celle qu’il trouvait la plus esthétique, d’autant qu’elle lui paraissait la plus permissive (pas de sujétion à un pouvoir central, ni de limitations en matière de guerre, d’alcool ou de mariage).
La version slave de la chrétienté orthodoxe se développa alors, en mêlant dieu unique et paganisme (les anciens dieux païens devinrent des prophètes, et certains rituels ne furent qu’adaptés à la nouvelle forme de croyance).
Au XVIIème siècle, le Tsar Alexandre 1er chargea la Patriarche de Moscou, Nikon, de faire l’état des lieux de la Foi et de mener les réformes nécessaires. Il faut cependant vite dépassé par les événements : le Patriarche voulait unifier les dogmes grec et russe, ce qui provoqua un schisme (le « raskol ») entre l’Eglise officielle et les « Anciens Croyants ». Cette fronde, menée, entre autres, par l’Archiprêtre Avvakoum déclara que ces réformes officielles menaient l’Eglise sur la voie de l’Antéchrist. Elle résulta en persécutions, déportations, exécutions et suicides de masse.
Les Anciennes Croyances avaient cependant survécu et, au cours du XXème siècle, l’Eglise Orthodoxe de Russie a abrogé les anathèmes envers leurs suivants. L’Eglise Orthodoxe de Russie En-Dehors de la Russie a même publié un oukaze pour s’excuser des persécutions menées depuis trois siècles.
La révolution de 1917 et la création de l’URSS, dont le régime a pillé les richesses et détruit des bâtiments hautement symboliques de l’Eglise, a poussé nombre d’ecclésiastiques à fuir le pays. L’Eglise Orthodoxe de Russie En-Dehors de la Russie (EORER), une diaspora qui s’est principalement réfugiée en Amérique du Nord (Alaska, Canada, Etats-Unis) et du Sud (Brésil, Uruguay, Bolivie, Argentine), ainsi qu’en Océanie, était née. Pendant la période soviétique, l’interdiction de pratiques religieuses et la réquisition/destruction de lieux de cultes n’ont pas empêché le peuple russe de garder la foi. Dès l’assouplissement du régime (pendant la perestroïka), l’Eglise Orthodoxe de Russie s’est imposée comme acteur social et politique de premier plan.
La réunification des Eglises n’a cependant pas eu lieu, l’Eglise Orthodoxe de Russie En-Dehors de la Russie refusant de se compromettre avec un pouvoir qui n’a, officiellement, jamais fermement condamné les persécutions religieuses. Le néo-soviétisme de 2072, en place depuis presque cinquante ans, n’augure aucune évolution en la matière.
Eveil
Dès 2011, l’Eveil a, en Russie comme partout ailleurs, provoqué un regain d’obscurantisme dont ont bénéficié les religions. L’Eglise Orthodoxe de Russie connut alors un renouveau.
Le Patriarche de Russie a reconnu assez rapidement le caractère divin de la Magie et l’âme métahumaine (même si la gobelinisation de 2021 a généré quelques doutes dont il reste des traces). Les différentes tendances se sont, par contre, renforcées. Entre les anciens croyants, la frange aristocratique proche des mouvements comme « Human Nation », et la position officielle et majoritaire de l’Eglise, certaines dissensions latentes ont vu le jour.
Parallèlement, la magie tribale de Sibérie, ainsi que de nombreuses sectes du Sixième Monde, connaissaient un succès croissant, surtout dans les régions reculées. Pour empêcher ces âmes de se perdre dans les méandres de fausses croyances, des prêtres orthodoxes prirent leur bâton de pèlerin pour parcourir et évangéliser les terres, comme les starets et prophètes d’autrefois.
Du spirituel au politique
Cette évangélisation prit une tournure inattendue. Les pèlerins de Sibérie s’accordent sur le fait qu’ils y ont rencontré Dieu, et que celui-ci leur a confié les clés de l’évolution de la Foi. Tous ceux qui ont entamé ce voyage reviennent avec des pouvoirs éveillés (même s’ils n’y semblaient pas du tout destinés à l’entame de leur périple). Mais ils soutiennent également des réformes qui inquiètent les Patriarches : le dogme doit, selon eux, se débarrasser de toutes ses origines, qu’elles soient slaves ou grecques, et une immense cathédrale est en construction sur le site même de l’événement mystérieux de la Toungouska Pierreuse.
Cette remise en question globale propagée par des prêtres complètement en-dehors du pouvoir séculier de l’Eglise pousse cette dernière à ne plus agir que sur le terrain spirituel. C’est ainsi que des représentants du clergé quittèrent leurs fonctions pour intégrer le RSN, parti de la majorité absolue dont le Soviet Suprême National regroupait déjà, en réalité, plusieurs tendances.
Depuis lors, l’Eglise Orthodoxe de Russie est donc indirectement présente au sein du SSN, comme elle le fut à la Douma lorsque l’ARD était au pouvoir.
Tant et si bien que sa branche la plus orthodoxe (majoritaire) parvint à mobiliser les ressources de l’état pour rétablir sa domination. La « Chasse aux Sectes », et deux années complètes d’apostasie, excommunication, répression et déportation, avait commencé.
Les anciens croyants, au sein desquels le panslavisme prenait de plus en plus d’ampleur, se tournèrent alors vers les rites originels de l’Orthodoxie Païenne. Ses membres les plus fanatiques passèrent dans l’illégalité jusqu’à, au fil du temps, abandonner son côté chrétien et adorer en secret la mythologie slave antique.
Le samanisme tribal, ainsi que toute forme d’animisme, fut interdit et combattu par l’état. Les pèlerins illuminés et leurs cortèges de fidèles, dont certains se révélèrent sous domination de créatures insectoïdes ou zoocanthropes, se réfugièrent dans les steppes de Sibérie pour échapper aux poursuites.
Les sectes de petite taille sont démantelées et réprimées, tandis que les autres grandes religions officielles, tolérées mais sous surveillance, font profil bas.
L’Eglise Orthodoxe de Russie, basée sur la Rodina (terre-mère de Russie) et le dogme de l’Empire Tsariste, devient alors religion officielle du néo-soviétisme, pour tous ses citoyens qui désirent ou ont besoin de croire.
Révolte iakoute et Euroguerres
Cette mise à l’index des coutumes tribales et des nouveaux prophètes exacerba le sentiment anti-russe en Sibérie, et contribua dès lors à la révolte iakoute de 2031.
Défaites à l’est, les armées et pouvoir russes se tournent vers l’ouest, déclenchant les Premières Euroguerres (et s’affranchissant alors de leur participation à l’ONU). Après l’intervention des Nightwraiths, des troubles apparurent dans le Caucase, notamment à cause des populations musulmanes qui s’y sentaient brimées.
L’Eglise sortit encore renforcée de la victoire contre l’Alliance pour Allah. La grandeur de l’âme russe avait vaincu les islamistes. Si la paix et une relative tolérance était de nouveau de mise avec les religions musulmane, judaïque et catholique intérieures minoritaires, la lutte fut détournée vers l’Eglise Orthodoxe de Russie En-Dehors de la Russie, accusée de vol d’icônes dont certains, dans le sixième Monde, se sont révélés artefacts éveillés.
Situation actuelle
Forte de son expérience en matière de répression des sectes, la Russie ne permit jamais à des congrégations comme la Confrérie Universelle ou autres Enfants du Dragon ou de la Comète de s’implanter sur son territoire. Seule la croyance du « Franchissement du Vide » parvint à avoir un succès marginal (et en secret) au sein de la population (d’une part parce qu’elle réunissait un bon nombre d’athées convaincus, et n’empiétait donc pas sur le territoire de l’Eglise et, d’autre part, parce qu’elle fut rapidement noyautée par des agents de l’UGB et des scientifiques de l’état).
L’Eglise a, par ailleurs, directement intégré le mouvement transhumaniste initié par EVO, le considérant comme l’héritage direct du cosmisme de Nikolaï Fëdorov (philosophe futurologue du XIXème siècle) et du futurisme soutenu par la culture prolétaire de l’URSS au XXème siècle (avec, parmi ses figures de proue, le poète Vladimir Maïakovski).
La mouvance panslaviste bénéficie, en 2072, d’une reconnaissance tacite, même si elle est toujours officiellement hors-la-loi, grâce à l’aide évidente qu’elle a apportée à la Russie et à l’Armée Rouge au cours des attaques iakoutes de 2065-2068. Sa réhabilitation fait débat au SSN, même si une évolution réelle de la situation n’aura probablement lieu qu’après les élections de décembre.
Personnalités
Ilyana Bogdanova : Cette ancienne évêque d’Irkoutsk, magicienne confirmée et candidate principale de l’Eglise à la succession d’Ogourznev en 2064, est un disciple de la Tradition Théurge (comme la grande majorité des fidèles éveillés, clergé compris) qui suit les préceptes de “Mère-la-Terre”.
Bogdanova soutient ardemment la guerre contre les Iakoutes, ce qui la rend très populaire. Par ailleurs, elle s’implique également dans la lutte pour les droits des métahumains, non seulement nains ou trolls, mais aussi nombre de métacréatures, comme les sasquatchs, leshys et même esprits. Ces notions paraissent radicales, même aux yeux des orthodoxes (son point de vue pro-métahumain a, notamment, généré des frictions avec Athanasius II).
Elle n’a pas vraiment réussi à s’imposer lors des élections de 2064 ou 2068, mais se représente en 2072.
Athanasius II : Patriarche de Moscou et chef de l’Eglise Orthodoxe de Russie.
Ivan Béloukhine : Evêque de St. Petersbourg et candidat le plus probable à la succession d’Athanasius en tant que Patriarche lorsque ce dernier se retirera.
Béloukhine est encore plus radical envers les non-humains. Il a eu dans le passé des problèmes pour avoir ordonné aux prêtres de Saint-Pétersbourg de ne pas offrir l’Eucharistie aux changelins.